Le maire vous répond
Mathieu Hanotin : « Un équipage complet est toujours prêt à intervenir »
Invités par le Journal de Saint-Denis à cette première rencontre « Le Maire vous répond » en mairie, cinq Dionysiens et Dionysiennes ont fait vivre le débat sur la sécurité et la tranquillité publique avec le maire Mathieu Hanotin. Tous les sujets autour de cet enjeu majeur pour la ville et ses habitants et habitantes ont été abordés, jeudi 26 octobre, pendant 1 h 30, au cours d’échanges francs et constructifs.
La sécurisation de l’espace public
Samir : Comment assurer la sécurité de tous les usagers de la route, notamment dans le quartier Pleyel où il y a beaucoup de travaux ?
Mathieu Hanotin : La ville s’est adaptée à la voiture depuis les années 1960. Puis nous avons voulu mélanger les usages qui se mélangent mal (bus, tramway, piéton, vélo).
À Pleyel, l’embolie est due aux travaux dans le quartier Pleyel (village des athlètes, tour Pleyel, gare du Grand-Paris express, travaux d’aménagement public…). Nous avons pris des dispositions spécifiques sur le quartier Pleyel de plusieurs ordres. Nous avons mis en place un dispositif de traversée ad hoc en multipliant les points de traversée accompagnants. Nous ne le faisons pas à l’échelle de la ville, nous le faisons à Pleyel en raison de cette concentration spécifique de travaux. Avec une difficulté : nous faisons passer les consignes aux entreprises de ne pas livrer pendant les heures d’arrivée à l’école et malheureusement elles ne sont pas toujours respectées.
Samir : …et une fois que les travaux seront terminés ?
Mathieu Hanotin : Nous repensons la question de l’espace public à Pleyel, en fonction des contraintes et de la réalité. Pour cela, nous développons une stratégie de dialogue et d’exigence notamment au niveau de l’échangeur Pleyel, pour améliorer la vie des habitants, la traversabilité piétonne du secteur. Un des principes d’aménagement que nous avons retenu : faire en sorte de se rendre plus facilement de Pleyel vers le centre-ville, à pied d’abord, à vélo et en voiture ensuite, avec une volonté de réduire la voiture. À la fin de l’année, l’ensemble du dispositif de l’échangeur Pleyel ouvrira. Notre enjeu : réduire la voiture et fluidifier les points durs.
Cela va être compliqué encore pendant un an, mais après les Jeux, cela sera grandement amélioré. Nous mettons la priorité sur la sécurité plus que sur le confort.
Laurie : Les commerces qui vendent l’alcool engendrent des attroupements. Que faites-vous pour y remédier ?
Mathieu Hanotin : Je serais moins radical que vous. À chaque problème spécifique, nous devons apporter une réponse. Les signalements à la police municipale (attroupement près d’un commerce, vente à la sauvette etc.) sont cruciaux pour prouver le trouble à l’ordre public et prendre des arrêtés. Quand nous constatons un trouble et pour une durée donnée, nous procédons à des interdictions des attroupements par arrêtés. Nous les renouvelons autant que de besoin.
Eva : Le quartier de la gare n’est pas sûr non plus…
Mathieu Hanotin : Le sentiment de se sentir bien dans l’espace public favorise le sentiment de sécurité. La sécurisation active passe aussi par la sécurisation passive qui se traduit par des commerces plus attrayants, des animations et par le mobilier urbain.
Nous avons un projet de régénération du quartier de la gare jusqu’en 2030 avec des actions publiques pour racheter des commerces, grâce à notre outil la foncière Saint-Denis commerce.
Eva : Est-ce que vous avez un plan d’attractivité pour les commerces ?
Mathieu Hanotin : Contrairement à la voirie, nous pouvons seulement essayer d’agir, nous ne pouvons pas décider quant au choix des enseignes. Nous avons un plan, et nous le confrontons en permanence à la réalité.
Et nous développons une stratégie de mobilisation au quotidien afin de faire respecter les règles d’hygiène et de sécurité des commerces grâce une capacité à agir que nous n’avions pas auparavant. Nous allons recruter encore deux nouveaux agents sur sujet en 2024. Nous faisons fermer de nombreux commerces, ces règles s’appliquent à tous.
Nous menons une action réelle et sérieuse de coercition via la mise en place de CODAF : les services de l’État et les services municipaux contrôlent ensemble les commerces. Entre 40 et 50 % des CODAF du département ont lieu à Saint-Denis : il y a probablement un effet Jeux olympiques, mais il y a aussi une action municipale parce que nous avons reconstruit des capacités à agir pour régler les problèmes un par un.
Le rôle de la police municipale
Laurie : Quel est le rôle des gardes de l’espace public ? On les voit au quotidien, mais j’ai le sentiment qu’ils ne sont pas efficaces…
Mathieu Hanotin : Les gardes de l’espace public ne sont pas dotés d’équipement pour intervenir. Pour autant ils sont très utiles, notamment dans la prévention et la récupération des cigarettes et de médicaments des vendeurs à la sauvette par exemple. Il y a 15 jours, avec un groupe de surveillance et d’intervention, les gardes de l’espace public ont récupéré 600 paquets de cigarettes en un coup.
Laurie : En revanche j’ai noté que les policiers municipaux étaient désormais très réactifs la nuit…
Mathieu Hanotin : La brigade de nuit est spécialisée dans une dimension police secours. Récemment, ils ont empêché le pillage d’une pharmacie vers Marcel Sembat à 3 h du matin... La solution vient d’une présence sur le terrain de nos équipes et de la complémentarité entre les brigades. D’abord nous gérons les situations d’urgence. L’année dernière, 450 interventions de secours aux personnes ont été déclenchées par le CSU suite à un appel téléphonique. Dans un second temps, nous construisons l’action publique et il faut du temps pour construire.
Eva : Quels sont les effectifs exacts de la police municipale ?
Mathieu Hanotin : Aujourd’hui, les effectifs du commissariat municipal s’élèvent à plus de 140 agents dont 102 policiers. La police est désormais joignable 24 h/24, et un équipage complet est toujours prêt à intervenir, après le déclenchement par l’opérateur, en poste devant les écrans au CSU.
En 2024, à la veille de la fusion avec Pierrefitte-sur-Seine, la police municipale augmentera encore ses effectifs. Nous avons construit une politique d’attractivité financière et surtout un projet de service public qui séduit les agents de police.
Après 2024
Guy : Les moyens alloués par l’État ne risquent-ils pas de disparaître après les Jeux olympiques et paralympiques ?
Mathieu Hanotin : Présentes en raison du risque terroriste dans le cadre de l’organisation de grands événements sportifs, les forces de CRS n’ont pas vocation à rester, c’est un bonus.
Des forces permanentes supplémentaires d’officiers de police judiciaire sont promises par l’État pour 2024. La stabilisation du dispositif reste difficile. Mon adjointe et moi dialoguons avec le ministère de l’Intérieur, le préfet de police, la commissaire, le préfet de Seine-Saint-Denis. Nous avons une vraie volonté de maintenir les effectifs après les Jeux, un combat qu’il faut mener tous les ans et qui ne dépend pas que de nous. C’est pour cela que notre stratégie de montée en puissance de la police municipale nous permettra d’être autonomes jusqu’aux Jeux et après les Jeux.
Guy : Et en 2025, avec la commune nouvelle ?
Mathieu Hanotin : La police municipale de Pierrefitte-sur-Seine compte une vingtaine d’agents. Nous pensons que notre police sera plus efficace à 140 qu’à 120 + 20. Début 2025, la commune nouvelle fera 10 km de long et une nouvelle brigade motorisée sera déployée pour garantir des interventions rapides ! Nos capacités opérationnelles globales seront toujours guidées par un principe de proximité des équipes auprès des habitants.