Tennis de table : Prithika Pavade achève son aventure olympique
L’élimination de l’équipe de France féminine de tennis de table, en 8e de finale ce lundi face à la Thaïlande, met un terme à la participation de Prithika Pavade aux Jeux Olympiques de 2024. Retour sur son parcours en dates et en images
22 juillet : l’arrivée au Village Olympique
Prithika Pavade est arrivée au Village Olympique, situé à Saint-Denis, avec les autres athlètes sélectionnés de l’équipe de France de tennis de table. Celle-ci est composée de 8 joueurs, dont les frères Félix et Alexis Lebrun, phénomènes français de la discipline, et d’Audrey Zarif, remplaçante pour l’équipe dames qui a été formée dans le même club que Prithika : le Saint-Denis Tennis de table 93 (SDTT93). Ils et elles ont découvert leur lieu de villégiature pour les deux prochaines semaines.
24 juillet : le tirage au sort
À première vue, le tableau des compétitions olympiques de tennis de table semble plutôt clément pour Prithika Pavade. « Sur le papier, ça n’a pas l’air compliqué », commente Jean-Claude Molet, président du SDTT93, au sujet du 1er tour qui attend la pongiste dionysienne. Elle affronte l’Iranienne Neda Shahsavari, 393e au classement de la Fédération internationale de tennis de table (ITTF), alors que Prithika Pavade occupe la 18e place.
Contrairement aux simples hommes, autrement dit les frères Alexis et Félix Lebrun, elle a la chance de ne pas rencontrer de pongistes chinoises, maîtresses peu contestées du tennis de table, dans sa partie de tableau. À la place, le tirage au sort la fait tomber sur des Japonaises et des Coréennes, dont le niveau est similaire à ces dernières adversaires. « Elle a battu d’affilée des joueuses aux 7e, 9e et 11e rang mondial, à voir si elle reste dans les mêmes dispositions », prévient Jean-Claude Molet.
En équipes, le programme présente plus un défi avec une rencontre contre la Thaïlande en 8e de finale. Si l’équipe féminine française passe, Prithika Pavade et ses co-équipières se retrouveraient en quart de finale face au Japon, deuxième nation de tennis de table derrière la Chine.
26 juillet : les encouragements sur le relais de la flamme olympique à Saint-Denis
Même si elle ne pouvait pas être présente, pour cause de préparation olympique, Prithika Pavade est bien dans les esprits ce jour-là. Son surnom « Prithi » est affiché en lettres capitales sur la banderole des supportrices et supporteurs du SDTT93. Une quarantaine d’entre eux s’est réunie pour assister au passage de la flamme olympique, brandie par leur président de club désigné porteur.
Après l’événement, l’assemblée visiblement émue se donne rendez-vous à la Ligue régionale de tennis de table, située rue des Poteries, à 10 minutes à peine de La Raquette. Le temple dionysien du tennis de table est exceptionnellement indisponible, car réquisitionné par Paris 2024 pour les entraînements des athlètes... en arts martiaux.
Sur le chemin, Julien Jacquemont, directeur du SDTT93, souligne les conditions dans lesquelles Prithika Pavade va être amenée à jouer. « C’est une période formidable pour l’équipe de France. Les frères Lebrun ont tout explosé. Ils n’ont pas peur d’affronter des Asiatiques, et ça donne des idées aux autres membres de l’équipe française », souligne-t-il. Il évoque aussi l’ombre bénéfique des deux prodiges masculins du tennis de table français, qui permet à Prithika Pavade de relâcher un peu de pression.
Les supportrices et supporteurs du SDTT93 en force
27 juillet : le premier match en simple femmes
Direction le Stadium, site de célébration des Jeux du bassin de la Maltournée, pour regarder en direct et sur grand écran du Club 2024 la première rencontre de Prithika Pavade. La pluie s’est levée juste à temps. Le soleil se couche, les tons roses et bleutés du ciel rappellent les couleurs officielles de Paris 2024. La banderole « Allez Prithi » est accrochée juste sous l’écran géant.
Le temps que le canal Eurosport soit projeté, les supportrices et supporteurs, dont plusieurs élus de la Ville de Saint-Denis, se rassemblent sur les transats encore humides d’un weekend d’ouverture olympique exceptionnellement pluvieux.
Prithika Pavade apparaît à l’écran, elle commence tout juste sa deuxième manche, après avoir remporté la première. Habillée en rouge, quelques cheveux plaqués sur son front par la transpiration et son regard noir laissent transparaître sa détermination face à son adversaire, classée dans les 300e mondiaux. Un match qui s’avère être plus challengeant que prévu.
« C’est bien qu’elle soit inquiétée en début de compétition, ça lui permet de se mettre dans l’esprit, de trouver des stratégies et des solutions », remarque Félix Vernet, éducateur et entraîneur au SDTT93, qui a pour mission de commenter en direct au micro du Stadium. Malgré quelques erreurs et fautes, à 22h25, Prithika Pavade remporte son 32e de finale simples femmes. Les applaudissements résonnent sur le bassin de la Maltournée. Même des supporteurs de rugby à 7, venus en après-soirée au Stadium, se réjouissent de la victoire de la Dionysienne. Néanmoins, une inquiétude surgit. « Elle n’était pas à 100%, j’espère qu’elle va retrouver son niveau au second tour » confie le président de son club Jean-Claude Molet.
Projection du match sur grand écran au Stadium
29 juillet : la défaite
« C’est pas mal, on a du beau monde à Saint-Denis ! » Invitée par la Maison des seniors de Saint-Denis, Chantal découvre à l’entrée de l’Arena Paris Sud qu’elle va assister au 16e de finale de Prithika Pavade, en plus de ceux de Félix et Alexis Lebrun. L’atmosphère du hall 4 est électrique, digne d’un stade de foot lors d’un classico. Le petit groupe de seniors dionysiens a le temps de se mettre dans l’ambiance lorsque les matchs féminins commencent.
Le premier qui débute est celui qui oppose Prithika à l’Indienne Manika Batra, classée 28e mondiale. Dès le premier set, le match s’annonce serré. Les premier et deuxième sets sont perdus par la Dionysienne. La joueuse indienne de 1m80 semble bloquer le jeu de la championne française, qui peine à trouver la bonne stratégie. Visiblement agacé côté français, et après plusieurs erreurs sur le troisième set, un temps mort est demandé. Une pause salutaire qui permet à Prithika Pavade de se ressaisir et de marquer trois points d’affilée.
Lorsque le quatrième set commence, Pascal, qui fait lui aussi partie des invités de Saint-Denis, donne de la voix pour soutenir Prithika. Il explique également à Chantal pourquoi il est indispensable que la joueuse dionysienne gagne cette manche. Malheureusement, celle-ci s’engage mal. Malgré un mental de battante, Prithika est éliminée en 16e de finale.
Assise sur le bord du court, sa déception se voit depuis les tribunes. La tête entre les mains pendant quelques minutes, elle gère l’émotion. Les aînés dionysiens relativisent l'issue malheureuse du match de Prithika : elle est encore jeune, elle ne fêtera ses 20 ans que ce vendredi 2 août. Un constat partagé par Jean-Claude Molet : « En 2028, voire 2032, elle sera davantage préparée, et on pourra plus apprécier son jeu. »
La jeune Dionysienne achève son parcours olympique solo avec un tour d’honneur. La foule se lève pour la saluer. Un dernier au revoir avant son retour en équipe dans l’arène le 5 août.
Dernier match solo pour Prithika à l'Arena Paris Sud
5 août : fin de partie pour les Françaises
« Allez les Bleues ! », s’écrie la foule du hall 4 de l’Arena Paris Sud, au moment où l’équipe de France féminine de tennis de table s’avance pour rejoindre le terrain n° 3. Chacune à leur tour, Charlotte Lutz, Jia Nan Yuan et Prithika Pavade saluent les spectatrices et spectateurs. Les trois joueuses françaises affrontent en 8e de finale la Thaïlande, composée de Suthasini Sawettabut, Orawan Paranang et Jinnipa Sawattebut. Depuis la tribune juste en avant, Sabrina donne de la voix pour encourager « Prithi », accompagnée d’une quinzaine de jeunes du club venus pour l’occasion.
La rencontre commence par le match en double, avec Prithika et Charlotte en binôme. Elles s’entrecroisent, se coordonnent, se tapent dans les mains à chaque point marqué. Le premier set est serré, chaque équipe concède simultanément un point à ses adversaires. « Allez, il faut que ça passe », souffle Sabrina, dont le souhait n’est malheureusement pas exaucé : la première manche est perdue. Maillots bleus du SDTT93 sur le dos, Kaïs et Raïs s’improvisent chauffeurs de salle pour remobiliser le public avant le début du 2e set. Les tricolores se font rapidement distancer par les joueuses thaïlandaises qui le remportent. Prithika et Charlotte renversent la vapeur pendant le 3e set, avant de finalement s’incliner au 4e. L’équipe féminine de Thaïlande gagne le match en double (3-1).
Le premier match en simple est assuré par Jia Nan Yuan, qui s’impose en trois sets face à Jinnipa Sawettabut. Vient ensuite le tour de Prithika Pavade, classée 18e joueuse mondiale, face à Orawan Paranang, qui est à la 38e place du classement World Table Tennis. « Prithika, c’est la seule gauchère qui a un meilleur revers que son coup droit », remarque-t-on dans le rang des jeunes pongistes, alors que Prithika dispute la première manche. Malgré son acharnement, le résultat est en faveur de son opposante, qui finit par remporter, non sans difficulté, les 2e et 3e sets suivants. Licencié du club et coach occasionnel, Rayan analyse le match : « La Thaïlandaise bloquait très bien et s’est montrée plus régulière. Il y a plus d’erreurs de Prithi, qui a trop utilisé son revers… » La déception se ressent, mais le 8e de finale n’est pas encore terminé.
Jia Nan retourne à la table, face à Suthasini Sawettabut, pour tenter d’égaliser. C’est chose faite, là encore en 3 manches, qu’elle gagne successivement. Le cinquième et dernier match doit départager la France et la Thaïlande. La pression est grande pour Charlotte Lutz, à qui revient la mission de faire passer les Bleues en quart de finale. Malgré tous les encouragements dans les tribunes et des efforts visibles pour s’accrocher jusqu’au bout, elle finit par perdre ce dernier match éprouvant, même pour les supportrices et supporteurs qui sont passés par toutes les émotions possibles. L’aventure des Bleues, et de Prithika Pavade, se termine avec comme un goût d’inachevé.